Durabilité
Quelque chose qui dure
Les choses durables nous accompagnent longtemps, elles sont fiables, l'apprentissage qu'on a fait pour les connaître ne se répète pas inutilement, on accroît notre maîtrise avec le temps. On sait qu'elles sont là , qu'elles vont fonctionner, il n'y a aucune charge à les changer, notre esprit est serein, cet objet nous rend service, la où les défauts de durabilité (panne, usure...) ennuient et frustrent. Avec le temps nos expériences partagées vont créer un lien affectif avec ces objets qui nous suivent depuis un fragment de notre vie, on cherchera à en prendre soin (et je pense que c'est une bonne chose). Durable est indéniablement une qualité.
Avec les crises environnementales on entend le mot "durable" partout. Bien trop souvent, pour n'importe quoi et très souvent pour des choses qui ne le sont pas. Mon travail m'a appris une autre définition qui ne correspond pas au sens souvent absurde donné par le marketing actuel. Il y a un avantage indéniable, pour le monde productiviste et commercial de verdir son image en s'appropriant des mots au détriment de leur sens d'origine. Ainsi le monde marketing vient poser ses grosses pattes pour s'emparer de ce mot et ne conserver qu'un sens écologique approximatif: des étiquettes "durables" sont collées sur des produits dont la matière première a été recyclée (à 2%). Pourtant ce ne sont pas des produits durables. L'adjectif est utilisé concernant le passé de l'objet (sa fabrication), pas le futur (son utilisation). Et même recyclable, il ne s'agit pas de l'avenir de l'objet, car il est devenu déchet, donc n'est plus un objet utilisable. Un objet ne peut pas être durable parce qu'il sera recyclé, un objet est durable parce qu'il repousse la date où il devient un déchet. Sa vie d'après, qu'il soit recyclé ou up-cyclé, n'a rien a voir avec sa durabilité. C'est un usage du mot idéologique, sorti du concept de "développement durable", et très loin de l'usage technique que je lui donne dans la suite.
Je tenterais ici de décrire les questions qui me viennent à l'esprit quand j'achète ou je fais quelque chose que je souhaite durable. Il peut s'agir un peu d'une grosse liste un peu fourre-tout qui avec le temps est devenu un trame de réflexion
Étudier le système
Pour définir la durabilité d'un système, on doit connaître son fonctionnement actuel. Chaque point devra être projeté dans l'avenir, dans un monde que nous ne connaissons pas forcément. Aucun objet ne sera éternel, alors on va partir pour cet article sur une durabilité de 15-20 ans.
Je vais souvent parler d'objet mais ces questions s'appliquent aussi à des projets: abonnement à un service, travaux de rénovation, etc
En découpant les différentes parties de notre objet on va distinguer les conditions suivantes:
- matériaux
- systèmes mécaniques
- systèmes électroniques
- systèmes numériques (logiciel)
- dépendances de fonctionnement
- prestations / services nécessaires
- impacts dans le monde commun (évolution des lois)
Matériaux
Certains matériaux sont par nature fragiles vis à vis du temps. La solidité peut diminuer en fonction de l'environnement:
- de la chaleur: métal (déformation possible), verres (choc thermique)...
- de l'humidité: bois (gonflement), isolants, métal non-inox (oxydation/rouille)...
- du froid (gel): plastiques/récupérateur d'eau, poteries...
- du soleil et des rayons UV: peintures, plastiques...
- des chocs: écrans, couteau en céramique, verre, terre cuite...
- de la tension ou de frottements d'une autre pièce: lacets d'une chaussure, tissu d'une tente (ou pantalon sur la selle d'un vélo), semelles, pneus et freins de vélo...
- de prédateurs naturels: termites/oiseaux pour le bois, rongeurs pour certains câbles...
- du temps d'usage de manière générale: écran tactile qui perd sa sensibilité, joints, action du sel d'eau de mer, acidité du contenu d'un récipient, torsion des fils, ressort qui se détend, fermeture éclair du déraille, peinture qui s'écaille, revêtement qui part ...
Il faut se poser les questions suivantes:
- Quelle partie est sensiblement fragile ou s'usera rapidement ?
- Est-ce qu'elle cédera brutalement sans possibilité d'anticiper (de voir cette partie se dégrader progressivement) ?
- Peut on simplement réparer ou remplacer la partie abîmée ?
- Peut on continuer à utiliser cet objet (d'une autre façon) même sans cette partie ?
- Quel entretien sera perpétuellement nécessaire pour protéger l'objet ? Quel sont les conséquences en cas d'oubli ? Pourra t'on récupérer/compenser un oubli ou l'objet sera condamné ?
- Quels moyens avons-nous de renforcer les parties fragiles afin d'éviter une usure définitive ?
Naturellement, un plat ou une assiette classique pourra toujours se casser, il faut donc faire preuve de mesure entre la nécessité de durabilité et la valeur qu'on accorde aux choses.
De manière générale j'ai une tendance à préférer des éléments en bois, plutôt qu'en plastique car il est relativement simple de retrouver du bois et le sculpter pour refaire la pièce. Si en revanche, il peut être soumis à une humidité importante, par exemple pour des couteaux, je partirais sur des manches en plastiques.
Mécanique
Les systèmes mécaniques sont plus réputés pour leur durabilité que l'électronique (vélo mécanique > vélo à assistance électrique) car on visualise directement le système (ses pièces), son fonctionnement et son usure.
- Le frottement perpétuel entraîne une usure des matériaux, qui va altérer la taille et la forme des pièces, pouvant finir par des dysfonctionnements
- Certains éléments sous tensions peuvent finir par se tordre
- La chaleur, produite par les frottements, peut dégrader plus rapidement les pièces
On se posera les mêmes questions que concernant les matériaux.
Électronique
(Je parle ici de la présence d'un circuit imprimé complexe, pas d'une simple alimentation électrique et d'un moteur/d'une résistance comme dans une simple bouilloire).
L’électronique est un milieu très sensible: il craint la poussière, le froid, l'humidité, les chocs, les surtensions et même la chaleur qu'il produit. Certains de ses matériaux vont se dégrader naturellement avec le temps, des éléments soudés et difficilement repérable par un diagnostic visuel (condensateurs/résistances) et les batteries qui sont de plus en plus soudées (ou dans des formats non-normalisés donc difficilement remplaçables). Son analyse est bien plus complexe qu'un système mécanique et nécessite un matériel coûteux et des compétences en réparation de précision (soudure).
Il faut se poser les questions suivantes:
- A t'on les outils et les connaissances pour trouver un éventuel soucis dans le circuit électronique ?
- Est-il possible de réparer ou remplacer les pièces qui vont s'user le plus vite ?
A titre personnel j'évite l’électronique autant que possible là où il n'est pas nécessaire: cafetière, lampe, frigidaire, four... Je préfère les boutons à pression classiques que les écrans tactiles.
Numérique (logiciel)
A la base de tout logiciel un système d'exploitation (OS) va faire fonctionner le système électronique et sera en charge de veiller au bon fonctionnement avec le matériel sous-jacent.
Par exemple pour aller sur internet il faut non seulement que votre navigateur web soit à jour, mais aussi votre système d'exploitation, car certains éléments nécessaire par au navigateur sont fournis par l'OS (certificats SSL, librairies...), sans parler du risque de sécurité d’accéder à internet à partir d'un vieil ordinateur: ce sont les mises à jour qui corrigent les problèmes de sécurité.
En fait il existe des systèmes d'exploitation partout, dans les téléphones portables (même ceux qui ne sont pas smart), les objets connectés à internet, les GPS physiques, les nouveaux autoradios, les parcmètres, les bornes de recharge des carte de bus, les distributeurs automatiques de billets...
Dans le cadre de matériel embarqué (enceinte connectée, caméra sportive...):
- Communication: réseau 3G, normes wifi ou Bluetooth qui évoluent de manière opaques avec peu communication grand public.
- Services cloud et communications serveurs: liseuse qui ne supporte qu'un seul magasin en ligne, téléphones BlackBerry qui dépendent des serveurs, domotique (Somfy) ou vidéosurveillance qui sont liés à l'éditeur. Que se passe t'il quand l'éditeur ferme son service ?
- Fin de vie de l'OS: l'éditeur finira par ne plus mettre à jour son produit (Microsoft Windows)
- Disponibilité de l'application: certains matériel (caméra de surveillance ou sportives) ne fonctionnent qu'avec une application mobile (iOS/Android) et nécessitent donc un smartphone pour fonctionner. Ces applications ont une fin de vie encore plus rapide que l'OS à cause des normes de Google et Apple pour être sur leur app-store.
- Formats supportés: matériel (USB, carte SD) ou logiciel (codec vidéo, technologie DVD). Il faut savoir qu'un lecteur de carte SD peut avoir une limite de capacité de carte accepté (comme 16Go) et qu'une carte mère d'ordinateur a une limite de RAM maximum. Ces limites peuvent bloquer l'évolution.
Il faut se poser les questions suivantes:
- Comment fonctionne cet outil numérique sans internet ? On se pose ici la question de la fin des mises à jour et d'une absence de contact avec l'éditeur.
- Peut on parer à une défaillance: si l'OS n'est plus mis à jour, existe t'il des alternatives permettant de continuer à utiliser le matériel (ordinateur, téléphone) ?
- Si l'éditeur fait faillite, est-ce que je conserve ce que j'ai acheté ? Certains services en ligne vont partir avec vos données en fermant subitement ou les dégrader du jour au lendemain (Phot*shop et son partenariat avec Pent*ne).
Dépendances de fonctionnement
Dans les dépendances de fonctionnement on retrouve souvent l'électricité ou l'eau mais certaines autres substances sont parfois nécessaires:
- liquides de fonctionnement: huile moteur, circuit de refroidissement, encres d'imprimantes, ampoules, recharges ou filtres (sac d'aspirateur, filtre Ă purificateur d'eau)...
- alimentation électrique: format des piles, tension spécifique...
- condition de fonctionnement: température, taux d'humidité, réseau de communication particulier (paire de cuivre, parabole)...
- réseau de déplacement: accès à une route pour les voitures, stationnement pour les livraison (par exemple un combustible)...
A titre personnel je veille à toujours avoir des objets utilisant les "normes" classiques (format des piles AA, ampoule classique) et je privilégie les solutions filaires plutôt que le sans fil (alimentation électrique par câble plutôt que batterie, casque avec prise jack...).
Ici les questions Ă se poser seront:
- Qu'est ce qu'il nécessite pour fonctionner, être entretenu ? Est-ce simple à se procurer à l'avenir ?
- Existe t'il des alternatives pour se passer temporairement ou définitivement de ces dépendances ?
Prestations et services externes
Dans certains cas les systèmes ont des contraintes légales d'entretien par un service spécialisé:
- ramonage des cheminées, entretiens de chaudière gaz
- contrats d'assurances (voiture, habitation)
- autorisations de la mairie (souvent reconductibles): serres, habitats légers (caravane, tiny-house), piscine...
- taille d'un arbre devenu trop grand
Ces contraintes légales peuvent être acceptées puis subitement non-renouvelées par un nouveau mandat de la municipalité de votre commune. De la même façon le prix peut s’élever subitement: les assurances habitation augmentent souvent pour faire face au risque de catastrophe naturelle (on pense souvent aux inondations mais la sécheresse et les rafales de vent touchent tout le territoire).
Il faut donc réfléchir à ces dépendances
- Qu'est-ce qui est nécessaire pour l’acquisition et l'entretien? Est-ce simple à se procurer à l'avenir ?
Impacts dans le monde commun
Il est plus complexe de définir quel changement viendra à l'avenir, pouvant remettre en question la possession ou l'utilisation de notre objet. On peut cependant s'inspirer des lois mises en place jusqu'à aujourd'hui et tenter de déduire l'orientation générale.
- Utilisation d'une ressource à des fins de loisirs en période de carence: eau des piscines en été, électricité lors des hivers rigoureux...
- Nuisances vis à vis des humains: bruit, pollution (particule fine), déchets démesurés, risque sanitaire (fosse sceptique, plante toxique)...
- Perturbations: ondes, reflets aériens, vibrations, poids excessif ou taille non conventionnelle (véhicule), racines ou ombre d'un arbre...
- Non application de normes de sécurité: absence de ceinture de sécurité dans une voiture, normes électriques, protections incendie ...
La question à se poser est donc de savoir si ce que l'on cherche à obtenir ne risque pas de devenir illicite avec le temps. Il faut donc réfléchir à l'impact de notre objet sur les ressources naturelles, la nuisance des humain et de l'environnement et l'évolution des normes qui pourraient l'impacter.
Un avenir incertain
Les éléments d'une catégorie vont souvent se rejoindre: un produit de fonctionnement devenant dangereux, il ne sera plus aussi librement accessible et son transport sera limité à un professionnel: on dépendra donc d'un service de livraison.
Il faut toujours considérer qu'un produit acheté dans le commerce est peut être le dernier de la chaîne de production, et que le marketing va décider de changer la taille (ça m'est arrivé avec des meubles d'une grande enseigne de bricolage). Des entreprises qui finirons par fermer définitivement.
Dans un contexte où nos différentes crises environnementales, sociales, sanitaires nous ont prouvées l'instabilité du monde nous devons apprendre à mieux anticiper. Il faut donc repenser ce que l'on achète, ou ce que l'on fait, en mettant de côté nos désirs, et en regardant de plus près la vie de l'objet, ou de notre projet, dans son environnement (ses faiblesses, ses besoins, ses impacts). L'avenir sera peut être très chaud et très froid, mettant à mal nos biens adaptés à un climat tempéré. Notre consommation, et nos projets doivent davantage s'ancrer dans l'avenir plutôt que le présent.
Rien ne dure, le granit s'effrite en sable et même les planètes disparaissent. Quand on déambule dans un une collection archéologique d'un musée on ne voit que ce qui reste, pas ce qui a disparu pourtant notre génération moderne a du mal a gérer les montagnes de déchets qu'on produit par manque de réflexion concernant l'avenir. Un déchet est juste un produit que l'on ne sait plus utiliser, la nature n'en produit pas: les feuilles mortes deviennent l'aliment de la micro-faune (insectes, champignons...), dégradées ensuite par des bactéries puis absorbées par des racines. Un cycle dont l'humain s'est extrait pour produire sans anticiper et fini par devoir enterrer dans ses décharges l'erreur de son mode de pensée.
Quelques concepts pour assurer la durabilité
Savoir avant d'acheter
Pour un objet, Internet et le web nous permettent d’accéder aux documents techniques pour répondre à nos questions sur le type de raccord, les conditions optimales d'utilisation (température supportée) et les opérations d'entretien à prévoir. Ce genre d'information est nécessaire pourtant on la retrouve que trop rarement sur la fiche produit. On pourra aussi voir si il est possible et simple de changer des pièces (ou si elles sont soudées)
Pour l'abonnement à un service il faut lire les CGU et s'attendre à , inflation oblige, une augmentation du prix au fil du temps. On verra aussi les conditions de conservation des données (si l'entreprise ferme) et les garanties. Attention, ces CGU peuvent changer avec le temps et ce qui n'est pas stipulé comme un droit dans le contrat, comme le droit d'exporter vos documents présent en ligne vers votre ordinateur, est une simple fonctionnalité qui peut simplement disparaître (ou devenir payante) du jour au lendemain, on surnomme ceci la "m*rdification" d'un service: le moment où l'entreprise coince ses utilisateurs actuels pour leur soutirer de l'argent via un abonnement plus cher pour conserver d'anciennes fonctionnalités. Il faut toujours conserver ses données à un autre endroit en cas de fermeture du service.
Connaître ce que l'on a
Je lis le manuel d'utilisation des objets que j’achète. C'est peut être bête mais ça m'a permis de connaître les fonctionnalités de mes appareil. J'ai gagné beaucoup de temps avec les fonctions de programmation de démarrage et d'arrêt (machine à laver, plaque de cuisson) ou comprendre la symbolique des LED du four et des ordinateurs. Le temps de lecture du manuel a largement été amorti.
Comme dit plus haut, le manuel permet aussi de voir les opérations de maintenance nécessaires à intervalle régulier. L'entretien est une phase importante du matériel: le séchage/graissage des pièces métalliques ou du bois, dépoussiérage de l’électronique, etc
Pour les consommables, pour m'assurer de la durabilité annoncée par le constructeur, je note souvent directement sur l'objet la date de mise en service (ampoule, détecteur de fumée). Ainsi quand celui-ci ne fonctionne pas je peux voir rapidement sa durée de vie effective. Quand je peux pas noter dessus (éponges lavables), je conserve les emballages et je note la date dessus. Avec le temps, on peut facilement comparer différente marques et faire de meilleurs choix.
Le moins de dépendances
Je veille à ce que le système n'ai besoin que du minimum de dépendances.
J'évite tout ce qui a besoin d'un consommable particulier: format de capsule de café, filtre à charbon ou sel pour absorbeur d'humidité, ampoule halogène... Je préfère avoir une consommation de ressource de base/générique (eau, électricité, huile mécanique...) que de dépendre d'un produit sous un format particulier.
Ensuite je privilégie ce qui fonctionne sans électricité (et passif si possible): une moustiquaire, plutôt qu'une lampe anti-moustique, des bandes phosphorescentes plutôt que des LED, un moulin à café manuel... Ces éléments pourront fonctionner à l’extérieur (camping) ou lors d'une panne de courant.
Je veille à m'assurer de pouvoir assurer la maintenance moi même, ce qui, dans le cas de certaines voitures, est devenu impossible (liaison au garage de la marque pour éviter la maintenance chez des garagistes indépendants). Vive le vélo (mécanique).
Un rĂ´le unique
Une cafetière automatique moue le grain de café, fait chauffer l'eau, déplace le café moulu dans le percolateur et envoie l'eau sous pression, le tout en passant sous différents capteurs pour mesurer la quantité de café et le volume d'eau. Cette cafetière fait quatre actions majeures, en cas de problème avec l'une des fonctions, comme l'eau qui ne chauffe plus, il sera difficile de l'utiliser, il faudra veiller à retrouver la pièce détachée adéquates (taille, tension) et savoir la ré-assembler. Si il y a un problème avec l'un des capteurs, ça sera encore plus problématique (par exemple si au bout de 3cl d'eau la machine estime qu'elle en a envoyé 50cl, et s'arrête).
A l'opposé avec un moulin à café manuel, une cafetière piston et une bouilloire on a le même résultat. Chacun de ces trois éléments pourra être remplacé facilement en plus d'avoir des possibilités annexes: faire bouillir de l'eau pour une lessive à main, moudre des épices... Il faut reconnaître que ces machine à café tout en un font tout d'un seul clic et que le principe d'un rôle unique pour chaque élément a ses limites (souvent plus d'espace est nécessaire) et pas d'automatisation, mais c'est un choix à faire.
Une possibilité d'évolution
Tout repose sur l'interface de communication, c'est à dire le format avec lequel notre objet sera branché à d'autre chose. Si cette interface est une norme reconnu et standardisée (prise électrique, USB, prise audio jack, diamètre des tuyau/robinetterie...) alors il sera possible de facilement la brancher/réparer à de nouveau éléments. A l'inverse si il s'agit d'un format particulier, spécifique au constructeur, alors on dépendra de lui: de la poursuite de production de cette gamme de produit, des variations du prix et de la disponibilité.
Possibilité d'extension: l’élément peut être ajouté à un autre, qui n'est pas forcément la même gamme/le même producteur: panneau solaires, cuves de récupération d'eau, téléphone avec des emplacements de carte SD pour étendre la mémoire ou simplement les ports USB qui permettent le branchement de nombreux adaptateurs. On permet ainsi de faire évoluer le produit en fonction de nos besoins.
L'absence de dégradation irrémédiable: par exemple je vais éviter de coller les choses, mais les fixer de manière à pouvoir les enlever plus tard (utilisation d'aimants souvent). Je vais faire des ourlets plutôt que de couper et réduire à tout jamais la taille des choses. Si je dois installer un WC, sachant que la pièce la plus fragile étant la chasse d'eau, je vais toujours permettre de la rendre accessible (et éviter de l'emmurer). Parfois on est malheureusement contraint d'opter pour l'irrémédiable (travaux, déménagement...).
Concernant l'interface standard et la possibilité d'extension, un bon exemple est le jeu de construction LEGO System, dont le format des briques n'ayant pas changé depuis longtemps, une mini-figurine de 1989 peut très bien s'agencer sur une boite sortie du commerce (2025).
Des remplacements simples
Il faut que les pièces de rechange soient accessibles, et si possibles génériques au point d'être remplacées par celles d'un constructeur différent: on ne dépend ainsi pas de l'entreprise. Le fait que les pièces consommables soient génériques (disque dur d'un ordinateur, foret d'une perceuse)
Je m'assure autant que possible que les pièces de rechange sont simple à poser et ne nécessiteront pas un passage dans un service particulier (vis visibles). On ne peut pas tout réparer, mais dépendre des services après-vente est un coût impossible à déterminer sur le long terme: prix du service croissant, modèle non supporté, fin de garantie...
Enfin l'alternative; la batterie va céder alors est-ce qu'il sera possible de faire fonctionner l'appareil uniquement en mode filaire comme pour les ordinateurs portables ? Ou est-ce que l'appareil sera condamné si on ne retrouve pas la même batterie, comme pour beaucoup de smartphones ? Il existe parfois des alternatives pour réparer ou continuer à utiliser l'appareil malgré l'absence de pièce.
PS:Les trois derniers points de cette liste viennent du concept informatique SOLID (respectivement S, O et L) qu'on peut aussi retrouver dans la philosophie des outils Unix (sous GNU-Linux j'utilise des commandes conçues avant l'apparition du web ou ma naissance), ça ne rend pas forcément le numérique durable, mais cette décennie il est devenu bien trop jetable à cause du marketing et de modes absurdes.