Pour quelques degrés de plus (1/2 - La technologie)

"On mettra la clim !"

C'est cette réponse magique qu'on entend encore dans les médias, en 2025, quand est abordé le problème climatique, plus précisément la canicule. Et vu que ça commence à fatiguer fortement l'esprit trop technique, je vais me fâcher dans les lignes ci-dessous.

Sauvés par la technologie

L'idée actuelle pousse à croire que pour un problème donné il existe une solution technique. Cette mouvance permet de défendre le nucléaire comme l'IA, deux solutions techniques qui peuvent être des solutions, mais uniquement à des problèmes techniques.

Par exemple, la baisse de la démocratie ou de l'engagement citoyen, qui sont des problèmes politico-sociaux ne peuvent pas être résolus avec une solution technique, comme un média-social citoyen. Il faut une solution politico-sociale, avec par exemple une assemblé de personnes tirée au sort, du budget participatif... Le problème n'est pas technique, ce n'est pas parce que tout le monde ne peut pas voter, mais il est social: parce qu'on a, par exemple, perdu la foi ou la confiance dans les élections.

La technologie aide sur la capacité, mais ne peut rien sur la volonté des citoyens. La solutions doit l'utiliser comme un outil, et non reposer essentiellement sur elle.

Ainsi, si le problème n'est pas technique, proposez une solution technique sera probablement inefficace.

Demain

En fait on voit la solution qui marche aujourd'hui, comme une solution qui marchera demain, même si on reconnaît dès le départ que demain est différent d'aujourd'hui. On a plus de difficultés à imaginer le futur que se remémorer le passé (c'est plus ou moins l'illusion de "la fin de l'histoire", une forme de biais cognitif).

Alors si on parle de la clim anti-canicule ;

Les systèmes mécaniques et électroniques ont des conditions de fonctionnement, et craignent la chaleur, le gel, l'humidité. Il faudrait demander aux entreprises d'adapter leur produit à la nouvelle météo, des températures négatives en hiver à des périodes de canicules tout en supportant l'humidité des pluies (notre climat ne sera pas tout à fait celui de Dubaï).

Ok j'arrête d'être pessimiste. Partons donc du principe que les systèmes fabriqués actuellement vont fonctionner correctement dans les dix années à venir.

Qui paye l'addition ?

Il y a l'absence de connaissances sociétales, car si la clim apparaît comme une solution à la classe aisée, celle qui a sa voiture et sa place de parking réservée, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Beaucoup de personnes ne sont que locataires d'un logement, et le propriétaire privé, sera bien réticent à investir. Enfin pour les infrastructure publiques, bâtiment, écoles, rames de tramway et bus, tout ça prendra énormément de temps et coûtera cher, alors que le gouvernement est toujours dans l'économie.

En fait ça ne sert à rien de refroidir une maison qui chauffe, avant la climatisation on doit penser à l'isolation, c'est la premier solution. Or l'isolation est faible, même dans le bâtiment neuf, à cause des pressions du secteur immobilier. Les difficultés à isoler l'ancien montre à quel point, la solution magique de la climatisation ne sera pas aussi rapide que voulu.

On devrait penser aussi à la consommation électrique, car si nous avons la possibilité de fournir l’énergie (grâce au solaire), le coût des aménagements, de l’électricité et de l'entretien de cette climatisation va se répercuter partout: sur le prix de vente dans les magasin (secteur privé) et sur les impôts pour les structures publiques (écoles, ...).

Toute solution a évidemment un coût d'investissement, mais quand ce coût tombe sur le privé (magasin, entreprise) il se répercute sur tous le monde de manière identique, et donc les personnes en difficultés financières se retrouvent encore plus en difficultés. Là où il n'y a pas de problème avec l'impôt, qui a de part son système, une répartition adaptée en fonction des revenus. En gros, la climatisation d'un centre commercial va impacter les classes sociales les moins aisées et augmenter la pauvreté.

Une fausse solution

La climatisation n'est pas une solution, elle n'est qu'un palliatif à un effet. Avec une politique de climatisation partout, on ne supprime pas la canicule, on la rend plus supportable, mais elle ne disparaît pas: tout comme avec l'éclairage public, nous n'avons pas fait disparaître la nuit, nous l'avons rendu moins "gênante".

C'est cette mentalité de ne pas agir sur le fond du problème mais seulement sur les conséquences qui est absurde et qu'on doit résolument changer. Une personne qui perd du sang, on fait d'abord un pansement, on ne laisse pas partir le sang en se contentant de faire perpétuellement des transfusions. Pourtant le monde moderne adore reposer sur ces fausses solutions, pourvu que celles-ci fassent tourner l'économie. Une des raisons indéniables de ces actions à court terme est le profit ou la popularité immédiate, en plus de la facilité.

Des solutions techniques illusoires

0 Pub mais 100% bullshit

Le technoscientisme n'est qu'une idée marketing, des commerciaux sous cocaïne qu'on prend pour des ingénieurs de génie. Il n'a pas sa place dans le monde réel.

Prenons un des exemples les plus flagrant de cette déconnexion avec le monde.

L'abeille est une pollinisatrice apprécié. Rendu sympathique par son "service" auprès de la société (miel) et défendue grâce à l'apiculture: en effet des espèces pollinisatrices il en existe beaucoup, mais c'est la mortalité des élevages apicoles qui a fait prendre conscience de la chute de la biodiversité; le lobby apicole, aussi faible qu'il est, a le mérite de faire contre-poids face au lobby agricole concernant les insecticides.

Face à la chute de démographie des abeilles, la technoscience a proposé de les remplacer par des micro-drones qui pollinisent les fleurs. En voilà une chouette idée, mais avant de fêter cette solution magique, parlons des pré-requis.

Donc, si on veut remplacer l'abeille:

En premier lieu il faudra coder une "IA" pour indiquer à ces drones où aller et quand. Nul doute qu'on ne pourra pas recouvrir le territoire au complet, ça sera déployé dans les riches serres agro-alimentaires, le reste de la nature devra se débrouiller.

En second lieu il faudra créer des centaines de milliards de ces drones et les répartir partout chez ces riches clients. Est-ce qu'on a les ressources minières pour produire autant d’électronique ?

Des drones, produit de laboratoire, ne connaissent pas les vrais conditions, la pluie, le vent ou leurs prédateurs.Chaque année des drones seront pris en chasse par les oiseaux, finiront dans leur ventre ou dans le sol, polluant ainsi encore l'environnement avec des résidus électroniques.

Si on demande au drone de s'adapter perpétuellement à son environnement pour reconnaître les fleurs, il aura besoin d'une puissance de calcul qu'un agriculteur ne saura pas gérer: les IA ne fonctionnent que dans des "cloud". Par ailleurs le coté peu durable des drones (détruits/perdu) et leur coût élevé poussera l'entreprise à créer un service: comme le leasing pour les voitures. On ajoute donc au domaine agricole une nouvelle dépendance: un service de pollinisation, dont le coût se répercutera sur les produits.

Dès le début, on voit que pragmatiquement, c'est pas juste possible de remplacer les abeilles, on doit les protéger. Chercher une solution à la chute de la biodiversité n'est qu'une tentative de poursuivre nos comportements actuels alors qu'il faut bifurquer radicalement loin des pesticides, de l'artificialisation des sols, des pollutions de l'air et de l'eau.

Retour à la réalité

On a ces annonces de solution magiques, des drones pollinisateurs, des climatisations 0 carbone, des bactéries mangeuses de plastique ou n'importe quelle machine à aspirer le carbone...

Ces miracles technologiques font la une des médias (sociaux ou publicitaires), qui veulent du contenu sans se soucier d'enquêter sur la véracité des faits. Tout ça pour donner l'illusion que la chaleur, le plastique, la fin des abeilles, c'est pas un problème; des gens ont trouvé la solution.

Sauf que non.

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